Au Mont Saint-Michel
En 1971, la famille Maisonnet visite la Normandie (au sol) et un beau matin nous arrivons au Mont Saint-Michel. Notre fils Emmanuel est alors âgé de quatre ans et, comme nous voyons dans un pré au bord de la route un « Rallye » qui s’envole pour des promenades autour de la merveille de l’Occident, ce sera son baptême de l’air avec des conséquences imprévisibles alors. Pour faire le malin et montrer que je m’y connais en aviation – je suis alors titulaire de quelques HDV en double commande sur « NC 853 » – je demande maladroitement au pilote assez renfrogné : « Quelle est sa vitesse de décrochage ? » Et lui, pour bien me signifier que je ferais mieux de la fermer et clore ainsi le débat: « Il ne décroche pas, il s’enfonce. » Hommage à Morane Saulnier et à ses becs de bord d’attaque hypersustentateurs. Heureusement le spectacle est splendide. La marée est basse et des files de pèlerins arpentent la grève à la queue leu leu.
Bien des années plus tard, en juillet 97, quand j’annonce au club mon intention de revenir sur les lieux avec Hôtel Tango, tous de me dire : « T’as pas regardé la télé hier soir ? Le Mont Saint-Michel est désormais interdit de survol à moins de 3500ft ! » Voilà une bonne raison pour ne pas différer mon projet car mon intention n’est pas de le contempler à cette altitude. D’ailleurs la carte VAC qui intégrera cette nouvelle interdiction ne sortira que dans un an.
Nous voilà donc partis avec l’intention de nous poser à Laval- Entrammes deux fois, l’une à l’aller pour avitailler car HT n’a pas de réservoir supplémentaire comme Delta Echo, l’autre au retour pour le déjeuner et la visite de la ville.
Sur les photos on peut voir Hôtel Tango et son CDB en train de consulter sa carte – pas de GPS à cette époque – les villes de Fougères et de Vitré avec leurs forteresses, la plage du mont Saint-Michel avec les files de pèlerins qui marchent sur le sable et les gracieux méandres du Couesnon.
Pour en revenir au « Rallye », nombre de ceux qui ont fréquenté le club au cours des trente dernières années ont connu en ma compagnie l’inévitable punition du vol sur le mont Gargan et Chamberet, en Corrèze, avec survol à basse altitude de ma ferme et de ma maison natales où atterrissaient dans les sixties les frères Coissac, homonymes de notre ami Jean-Claude, natifs comme moi de ces contrées sous développées, lesquels avaient pris l’habitude de considérer l’avion de tourisme en VFR comme un moyen de transport et l’utilisaient pour leurs week-ends depuis la région parisienne. Mon père, sur leur demande, avait aménagé dans ses pâturages une piste d’environ 500 mètres amplement suffisante pour leur Rallye. En contrepartie il avait droit à des promenades au dessus de sa propriété actuellement intégrée – quoique distante d’une cinquantaine de kilomètres – au domaine de Pompadour. Hélas, le VFR, même avec un « Rallye », est une aimable activité que nous aimons tous mais pas un moyen de transport régulier et un jour funeste, les frères Coissac se sont obstinés à voir si « ça passait » au dessus des monts d’Ambazac…
NDLR : N’oublions pas qu’en aviation de loisir s’obstiner est une erreur conduisant souvent à des drames !
© Jean-Louis Maisonnet
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